"Cuisine(s) sans dépendance(s)" est un doublon en cours de mon premier blog de cuisine ouvert en 2008 - fermé au public depuis fin 2013 -, écrit dans un style plus littéraire et faisant référence souvent à des impressions liées à la nourriture, sans contenir toujours les recettes elles-mêmes. Ici, pas ou prou de digressions autour de la nourriture, seulement de la cuisine, celle que ma double culture oscillant entre Asie et Europe inspire, juste pour perpétuer les cahiers de nos grands-mères à l'aide de cet outil informatique formidable. Qui sait ce qu'on trouvera sous les décombres un jour, pourquoi pas un disque dur intact faisant défiler des images d'aliments qui n'existeraient plus et qui feraient faire un bond vertigineux dans la mémoire de l'Homme de demain qui sera devenu un cerveau sans enveloppe charnelle et n'ayant plus besoin de s'alimenter comme aujourd'hui ! Ah, voilà que je délire déjà ! Vite, je retourne à la cuisine, parce que, en attendant, il faut manger pour vivre !
Mises à part les recettes qui peuvent être copiées car je ne puis prétendre avoir inventé la purée ou autres plats même les moins basiques, ce blog tel qu'il est conçu est ma création, tous les textes, dont ceux publiés en magazine et signalés comme tels, ainsi que toutes les photos publiées sont personnels, ils sont soumis au droit d'auteur en vigueur au jour de leur publication.
Bienvenue à ma table !
Date de création du blog : 25 novembre 2011
Ouverture au public : mars-2012
NB : Pour la "présentation" complète, cliquer sur l'onglet correspondant en tête de ce blog qui, je le précise, est en cours de montage : toutes les rubriques annoncées en "pages" ne sont pas encore disponibles. Merci de votre compréhension. Mars 2012 -
ACTUALITE : février 2014 : ce blog devrait prendre un rythme de croisière bientôt, promis (le magazine pour lequel j'écrivais n'existe plus, mais ses lecteurs souhaitent continuer de consulter mes non-recettes ici !) - Merci à mes 50.000 lecteurs silencieux, sans lesquels ce blog n'aurait pas existé et n'existerait plus...
DECEMBRE 2019 : enfin, je retrouve la trace de ce blog et peux y accéder pour publier à nouveau mes propres recettes, celles que je ne fais pas souvent. Je les partage avec vous, mais c'est plutôt un memo pour moi.

mardi 29 novembre 2011

banane pimentée pour accompagner un cari d'agneau


cari d'agneau servi avec une salade de
banane pimentée

Le cari (ou curry) est une épice que ma mère utilisait beaucoup en cuisine : avec du poulet, du porc, du boeuf... Elle faisait souvent un cari de porc avec des pommes de terre, c'était délicieux, je n'ai jamais réussi à cuisiner le même. Peut-être que le cochon qu'elle utilisait, tué chez le paysan du coin, était meilleur que celui qu'on nous vend actuellement, l'élevage de cet aliment sur pied ayant bien changé depuis ces dernières décennies... Aussi, pour éviter d'être toujours déçue, je confectionne plutôt un cari à base d'agneau, cette viande, si on privilégie la production française, étant encore assez fine tout en restant intéressant en goût. Pour le cari, mes viandes préférées vont vers l'agneau, donc, et le poulet.
mon cari d'agneau
pour 4 personnes
  • 1kg de haut du gigot, à détailler en cubes de 3x3cm
  • oignon et ail haché fin
  • 2 tomates pelées et coupés en tout petits dés
  • huile neutre
  • 2 càs de cari
  • 1 petit verre d'eau
  • sel
CUISSON
  • faire revenir oignon et ail dans de l'huile chaude,
  • ajouter les cubes de viande et les dorer légèrement,
  • saupoudrer de cari, bien mélanger,
  • ajouter les dés de tomates et l'eau,
  • laisser évaporer un peu, couvrir et cuire environ 30mn
  • servir le cari avec du riz nature.
NB : si vous choisissez un morceau moins onéreux, comme je le fais parfois (épaule, haut de côte), plus long à cuire, le temps de cuisson sera à doubler. Pour ma part, j'aime bien les morceaux à rôtir, car cela diminue le temps de cuisson et je ne déteste pas la viande encore un peu saignante à l'intérieur. J'aime bien aussi, bien cuite, une viande plus grasse, prise dans les épigrammes, par exemple. Il faut alors compter une bonne heure de cuisson.

Avec ce cari, j'aime bien une salade de banane pimentée, délicieuse si on aime le sucré-salé :
  • couper des bananes en rondelles, assaisonner avec
  • du jus de citron,
  • un peu de sel,
  • un peu de vinaigre balsamique,
  • un ou deux piments-oiseaux broyés,
  • des herbes ciselées
(La coriandre se marie bien avec cette salade) 

lundi 28 novembre 2011

riz à l'oeuf (cuisine de restes)

Il m'arrive d'avoir un reste de riz nature à utiliser. J'en fais alors un riz à l'oeuf, tout simplement :
  • faire revenir le riz dans une poêle avec de l'huile chaude,
  • bien détacher les grains à la fourchette,
  • saler,
  • casser les oeuf directement dans la poêle
  • mélanger bien le tout, le temps que les oeufs cuisent et enrobent les grains de riz, et que la préparation sèche un peu tout en restant moelleux,
  • poivrer,
  • parsemer d'herbes ciselées de votre choix (ici ciboule et coriandre).
J'aime bien ce plat, assez nourrissant, tout seul pour un repas léger, à midi, par exemple. A noter qu'il n'est bon que préparé à partir d'un riz bien reposé, donc cuit la veille... J'ai essayé avec du riz tout fraîchement cuit, ça n'a pas le même goût ni la même texture !

dimanche 27 novembre 2011

ma génoise aux pommes

Un peu possessif, hein, le titre ! Mais c'est vrai que ce gâteau n'a l'air de ressembler à aucun autre, et pour cause, je l'ai improvisé il y a peu d'années, un jour de grand stress professionnel : je tournais en rond dans ma maison après avoir appelé Larousse, Robert et je ne sais plus quelles autres éminences grises, sans grande satisfaction, pour m'entendre au final conseiller de "tourner la phrase autrement" (ben, ça j'avais pu y penser toute seule !). Dans ces moments-là, j'ai toujours envie de me venger sur la nourriture, et surtout en pensant à quelque chose que je n'ai pas sous la main (bien voyons, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !). Ce jour-là c'était en même temps d'une crème caramel (crème renversée, oeufs au lait, peut-être encore d'autres noms que j'ignore), d'un moka et d'une tarte aux pommes, toutes choses qui, vous le voyez, se font juste en claquant des doigts, surtout s'il faut courir après des oeufs extra frais, itou pour le beurre... Or je n'avais sous la main que ce qui m'a permis de faire ce gâteau, qui se situe à tiers de chemin entre les trois convoités au départ. Le résultat fut bon, de sorte que, depuis, je l'ai adopté comme étant "ma génoise aux pommes façon Tatin".
Très peu sucré, sans matière grasse sauf pour le moule, mon gâteau se mange bien en dessert, il est assez léger après un repas. Je me suis aperçue que souvent mes invités en prenaient deux fois, même lorsqu'ils avaient bien mangé avant, ce qui est toujours bon signe, car il s'agit alors de gourmandise et non de faim !
Ce gâteau allie la légèreté d'un biscuit très aérien (génoise), avec la saveur exquise de la crème renversée et la texture fondante des pommes cuites. En général, il apparaît juste comme une génoise aux pommes. Mais alors qu'il m'est arrivé une fois de le rater, il est sorti encore meilleur car il formait trois strates bien distinctes : une couche de biscuit, une petite couche de "crème aux oeufs", une couche de pommes (comme sur la photo ci-contre), de sorte que, depuis, j'essaie de le "rater" exprès, mais ça ne marche pas toujours ! En fait, tout dépend du mélange des deux appareils : s'il n'est pas trop homogène, il est "raté". Ce midi, je l'ai bien "raté", et il était donc parfait à mon goût !
INGREDIENTS pour un moule de 26 cm :
- 6 pommes à chair fondante
- 8 oeufs moyens
- 4 càs de farine
- 6 càs de sucre cristallisé
- 2 sachets de sucre vanillé
- 1 càs de sucre glace
- 1 pjncée de sel
- 1/2 petit verre de lait
PREPARATION (20 mn) et CUISSON (50 mn à four 180°)
- préchauffer le four à 180°
- éplucher et couper les pommes en quartier, les faire revenir à feu vif très rapidement dans un mélange d'huile et de beurre chaud,
- faire fondre un peu de beurre dans le moule et le répartir avec un pinceau, y ranger les quartiers de pomme comme pour une tarte tatin, mettre au four le temps de préparer la pâte,
- dans un récipient mélanger le sucre avec les jaunes d'oeuf, "blanchir" le tout,
- y ajouter la farine, cuillérée par cuillérée, en mélangeant doucement au fouet à main entre chaque cuillérée,
- ajouter le sucre vanillé et le lait, mélanger toujours avec le fouet à main doucement,
- monter les blancs d'oeuf, avec une pincée de sel, en neige très ferme (pour cela, leur ajouter le sucre glace en cours de battage),
- ajouter un tiers de la neige au précédent appareil, bien mélanger toujours doucement, puis ajouter le reste des blancs en neige, bien mélanger le tout, la pâte doit être lisse et un peu coulante,
- verser cette préparation sur les pommes en prenant soin de la faire glisser entre les pommes et de bien répartir le tout, enfourner,
- une fois le gâteau cuit, le démouler façon Tatin, le laisser refroidir sur une grille.
Quelquefois, je fais un caramel assez liquide au citron pour napper le dessus.
On peut faire le gâteau la veille, il suffit de le placer dans un endroit frais de la maison.
Je le mange parfois tel quel, ou l'accompagne de glace (ou de crème fraîche) avec un coulis de fruits rouges.

  

MEMO PERSO : ce billet a été publié pour la première fois sur mon ancien blog de cuisine le 22 mars 2009.

samedi 26 novembre 2011

bleu passion pour un pied qui sent bon

Ce billet, condensé, a été publié
en magazine en septembre 2011
Ah ! les champignons sauvages, ils n'auraient pas fait perdre son latin à notre Rabelais, érudit, gourmet et paillard, dont le talent aurait été à la hauteur de mots audacieux transformant en quelques envolées une balade en fôrêt en ballade des gens joyeusement hallucinés, voire en conte des plus grivois, tant le monde des champignons prête à tous les appétits par leurs formes, leurs noms plus évocateurs les uns que les autres, juste par tournage rapide des pages des ouvrages à eux consacrés, où clitocybe améthyste côtoie allégrement clitopile petite prune, inocybe à mamelon, volvaire visqueuse, coprin chevelu, lépiote déguenillée et phalle impudique (ou satyre puant !), tout cela dans un nébuleux marasme, sans parler de galère, etc. !
L'automne, c'est assurément la saison où l'humidité contenue dans l'air rend la lumière tellement splendide par transparence que les amoureux de la nature ne résistent pas à l'envie de la photographier sous toutes ses coutures. Un de leurs sujets de prédilection, les champignons, un monde visuel épatant, magique, à l'image des illustrations de nos livres d'enfance !
Tricholome pied bleu
On ne présente plus ces étranges "individus", présents partout dans notre vie, à notre insu même. Leur univers reste peu connu, en raison de leur groupe comportant un nombre d'espèces sur terre incalculable. Entre "végétal" et "animal", ils constituent un règne entièrement à part. Pour ceux qui m'intéressent ici, les champignons perceptibles à l'oeil nu, on se demande comment, par miracle, en l'espace d'un temps record, ces organismes invisibles qui vivent souvent cachés, grâce à leur mycélium, dans le sol, le bois pourri ou autres substrats propices à leur développement, surgissent soudain sous nos pas à la bonne saison, tout en pied et avec leur fringant chapeau, pour le plaisir non seulement de nos pupilles mais également de nos papilles. C'est en effet lors de ces promenades en forêt que ceux qui aiment cuisiner se mettent à rêver de rentrer à la maison avec un panier rempli de ces succulents champignons comestibles qui font les gorges chaudes de tout gourmand/gourmet, même du moins toqué !
Fistuline hépatique ou langue de boeuf
Attention cependant : derrière leur allure charmante, beaucoup d'espèces sont toxiques, et même, parmi les comestibles, certains prêtent parfois à confusion dangereuse. Prudence donc si vous êtes cueilleur novice, comme moi, qui ne ne consens à cueillir un champignon qu'une fois qu'il m'a été présenté par une personne au-dessus de tout soupçon ! Non, non, ce n'est pas une question d'éducation, mais je n'invite à ma table que ceux avec qui j'ai des affinités absolues, ce qui passe par une observation sans faille et de longue haleine ! L'heureux cueilleur averti saura, pour sa part, reconnaître aisément ses champignons favoris : la morille, une espèce de printemps dont la rareté justifie le prix prohibitif sur les marchés ; plus tardifs, la fin de l'été et l'automne étant les grandes périodes de récoltes plus variées, voici les bolets, dont le fameux cèpe de bordeaux, la coulemelle (lépiote élevée), la girolle, la trompette-des-morts, la pleurote…, tous faciles à trouver au marché. Quant à l'amanite des césars (l'oronge), l'amanite rougissante (la golmotte), le lactaire délicieux, pour ne citer que les plus recherchés, ils trouveront sur leur chemin la convoitise de tout amateur éclairé !
Plus délaissé en raison de son arôme prononcé, et pourtant tout aussi, sinon plus, savoureux que le cèpe, à mon humble avis, voici le tricholome pied bleu (Lepista nuda) qui me met dans tous mes états lorsque j'ai le bonheur de tomber nez à nez avec lui au coin d'un bois ! Il est, en raison de ma passion pour sa couleur et de son odeur qui me rappelle celle d'un bon gâteau sortant du four, le premier de mes champignons préférés, devant l'agaric champêtre (le rosé des prés, l'ancêtre du champignon de Paris) et le coprin chevelu : facile à reconnaître grâce à ses caractéristiques et présentant peu de risque de confusion avec des espèces mortelles, il faut avoir quand même avoir l'œil exercé pour le distinguer au milieu des feuilles mortes, la couleur beigeâtre du dessus de son chapeau se fondant parfaitement dans les nuances automnales. C'est lorsque la lumière n'est pas trop éblouissante mais assez contrastée qu'on aperçoit dans la pénombre son pied et ses lamelles d'un bleu intense tirant sur le violet. Il apparaît dès le printemps, mais abonde surtout en octobre-novembre, à partir des premiers froids, il m'est même arrivé de le débusquer sous la neige... Il pousse en troupe ou en cercle, sous feuillus ou conifères. C'est un champignon désormais exploité en culture de la même manière que le champignon de Paris, mais je n'ai jamais retrouvé dans l'espèce cultivée cette délicieuse fragrance qui en fait la spécificité.
Les champignons sont des aliments peu caloriques. Pour leur utilisation, il faut savoir que certains, même comestibles, sont toxiques à l'état cru et ne se consomment que cuits, telle la morille. En revanche, d'autres, comme la fistuline hépatique (aussi appelée "langue de bœuf", alors que sa forme rappelle plutôt un... foie !), sont meilleurs crus, juste détaillés en carpaccio, par exemple. Il est prudent de se documenter dûment sur les espèces récoltées avant tout emploi culinaire.
champignons de Paris bruns

Enfin, à défaut d'être cueilleur, on peut se régaler de l'inégalable champignon de Paris, à mettre à toutes les sauces ! Pour ma part, j'en consomme beaucoup (j'en achète régulièrement 2 kg par semaine : une fois bien nettoyé et séché, je le stocke au frigo sans problème). Cru ou cuit, celui-ci se prête à bien des recettes. Je préfère, à l'achat, le brun, plus parfumé et ferme que le blanc, il rappelle vraiment l'agaric champêtre (rosé des près) sauvage. Outre les préparations traditionnelles, par exemple, pour accompagner un lapin chasseur, garnir une bouchée à la reine ou une quiche, si vous les choisissez très fermes, il est délicieux cru, en salade : couper court le pied, émincer en lamelles, assaisonner avec du jus de citron, de l'huile d'olive, une pointe d'ail ou de l'échalote, un peu de sel et de menthe ou persil haché, du poivre, c'est tout !
 
champignon de paris cru en salade

Le pied bleu, quant à lui, se prête presque aux mêmes préparations en cuisine, mais il est conseillé de ne le consommer que cuit. En poêlée : couper les chapeaux en gros morceaux, faire revenir ceux-ci dans de l'huile très chaude une dizaine de minutes, ajouter en fin de cuisson un peu de sel, de poivre, de persil haché et de beurre si vous n'avez rien contre. Cette poêlée accompagne à merveille toute viande rôtie ou, si vous êtes végétarien, un riz nature ou des pommes de terre vapeur dont elle relèvera excellemment le goût. C'est ainsi qu'on profite le mieux de la subtile saveur et du parfum de ce champignon qui, pour être commun, n'en est pas moins délicieux, c'est pourquoi, d'ailleurs, je proscris l'ail pour lui. En risotto (recette en fin de billet) il s'accommode bien de quelques dés de blanc de poulet cuit, et, mieux, de quelques dés de foie gras, un plat simple se transformant de la sorte en mets raffiné que vos invités ne bouderont pas !
ma recette du risotto au pied bleu
(on peut remplacer par un autre champignon de même type, assez ferme)
INGREDIENTS pour 4 personnes :
• 150 g de riz à risotto (arborio ou carnaroli)
• 300 g de pieds bleus coupés en morceaux
• ½ litre de bouillon de volaille
• 1 gros blanc de poulet poché dans de l'eau frémissante 10 mn, refroidis puis coupés en petits dés,
• échalotes et ail hachés fin
• une cuillérée de crème fraîche (facultatif)
• sel, poivre
CUISSON :

• faire revenir l'échalote et l'ail, y jeter les champignons, cuire 5mn, réserver ;
• faire revenir le riz avec un peu d'huile neutre, puis mouiller avec le bouillon de volaille fait maison ou préparé selon le mode d'emploi du cube ; cuire à feu moyen 20 mn environ ;
• ajouter dans l'ordre : la crème fraîche, les dés de poulet, les champignons, en mélangeant doucement entre chaque étape pour que l'ensemble soit homogène et très chaud.
Servir aussitôt. Avec un bon vin blanc type savagnin (ou un autre vin du Jura) (*) c'est parfait !
(*) Pour ces vins, je m'adresse à la maison Philippe Butin à Lavigny ou Morel-Thibaut à Poligny, deux producteurs très sérieux, qui se démarquent de la grosse cavalerie qu'on trouve actuellement chez les négociants en tous genres...

vendredi 25 novembre 2011

on a toujours besoin d'un petit pois chez soi


Ce billet, condensé, a été publié
en magazine en juin 2011
"On a toujours besoin d'un petit pois chez soi"… Ceux qui l'ont connue, se souviennent certainement de cette pub ! Non, ne croyez pas que je cherche des prétextes pour vous parler de ce petit grain qui me mettrait en folie dès que je le vois apparaître sur les étals des marchés ! Non, je n'irai même pas jusqu'à vous rappeler qu'au 17ème siècle l'engouement pour les petits pois fut tel qu'il fit écrire par Mme de Maintenon au cardinal de Noailles ceci : "A la cour, le chapitre des pois dure toujours ; l'impatience d'en manger, le plaisir d'en manger et la joie d'en manger encore sont les trois points que nos princes traitent depuis quatre jours." Bigre, rien que ça, alors là, ça me décomplexe totalement pour vous montrer la photo ci-dessous ! On a toujours besoin d'un bol de petits pois à côté de soi !!! Ce sont tous les jours, en saison, que j'en grignote en travaillant !
Quand le printemps s'installe, c'est toute la saveur des légumes nouveaux, colorés et séveux à souhait, qu'on a envie de voir exploser dans nos assiettes non seulement pour le plaisir des yeux mais encore pour le bonheur de notre palais impatient de retrouver des goûts variés et divers qui nous ont bien fait défaut tout au long de l'hiver passé.
Parmi ces saveurs très attendues, il y en a une que je guette avec frénésie tous les ans, celle des petits pois frais. Ils ont une consistance et un goût qui n'ont rien de comparable avec ceux que l'on sert couramment dans nos assiettes, les petits pois en conserve, d'une couleur verdâtre terne qui ne met pas en appétit, souvent mous et farineux en bouche, toujours un peu trop sucrés. Vous remarquerez cependant que le petit pois divise : il y a ceux qui les préfèrent sous cette forme-là, ceux qui ne jurent que par les surgelés, et ceux qui ne consentent à les manger que s'ils sont fraîchement écossés. Je fais partie de cette dernière catégorie ! C'est un délice, sans rien d'autre qu'un peu de fleur de sel et de poivre comme assaisonnement, ou juste au naturel, j'en ai toujours un petit bol à grignoter en ce moment, à côté de mon clavier ! D'ailleurs, il vaut mieux ne pas m'inviter à les cueillir ou à les écosser : j'en mangerai plus qu'il n'en restera dans votre panier ou le saladier !
Cette graine verte et ronde est extraite d'une gousse qui peut contenir entre 4 et 12 pois, voire plus. On distingue deux types de petit pois, celui dont les graines sont lisses et rondes (l'Express, l'Express Alaska, le Petit provençal…), et celui dont les graines sont ridées (le Téléphone, le Merveille d'Amérique, le Centurion, le Progrès de Laxton…). Cela dit, j'imagine la tête de mon marchand de légumes si je m'aventure à lui demander des Progrès de Laxton, il serait capable de me répondre qu'il ne tient pas un kiosque à journaux ! La plante, originaire d'Asie Mineure aurait été introduite en France au tout début du règne de Louis XIII, après être passée par l'Italie, mais ce ne serait qu'à partir de Louis XIV que les petits pois firent fureur. Mme de Maintenon écrivait ainsi encore à son cardinal préféré susnommé : "Il y avait même des dames qui, après avoir soupé et bien soupé, trouvaient encore le moyen de se régaler de petits pois chez elles avant de se coucher, au risque d'une indigestion" (ce serait mon genre !).
Si vous voulez avoir une idée de quantité, pour obtenir 500 à 600 g de ces belles graines, il en faut environ 2 kg sous gousse (ou cosse). En pleine saison, on les trouve autour de 4 à 6 euros le kilo, pour le double de ce prix au début du printemps), ce prix pouvant varier selon la provenance, ceux de France étant toujours plus chers que ceux en provenance d'Italie, par exemple. La saison bat son plein jusqu'en juillet.
Choisissez les cosses d'une beau vert brillant, sans tâches, bien "cassantes", avec encore un bout de tige et des traces de la fleur blanche leur ayant donné naissance, tous signes de fraîcheur qui ne trompent pas. Une fois écossés, inutile de laver les grains, les conserver au frais et les utiliser rapidement car, attention, ils fermentent assez vite et germent même ainsi écossés !
Sur le plan diététique, frais, les petits pois sont plus caloriques qu'en conserve, car plus riches en protéines et en glucides (100 g = 90 kcal contre 70). Mais ils sont aussi plus riches en fibres. C'est quand même un légume assez calorique en raison de sa teneur importante en glucides (16 %) et en protides (6 %).
 
Petits pois et asperges font bon ménage en goût. Ci-dessus, à gauche, en poêlée avec des crevettes
Outre les petits pois cuisinés à l'anglaise (avec de la menthe), ou à la française (avec des carottes), laissez libre cours à votre imagination, en les mélangeant, par exemple, avec des asperges, en poêlée, ce plat accompagne bien une viande rouge ou une volaille type pigeon ou pintade, en risotto, cette association est excellente, et, à la crème, elle peut agrémenter très savoureusement un poisson blanc…
Ajoutez à cette poêlée des crevettes, et cela peut devenir un plat de résistance très savoureux, accompagné d'un peu de riz nature.
soupe chaude de petits pois avec croûtons
Ne négligez pas ce légume en soupe.
Chaude : cuire pendant une quinzaine de minutes des pommes de terres coupés en gros dés en les couvrant d'eau salée à +1cm du niveau, ajouter les petits pois, un petit oignon et une gousse d'ail haché fin, poursuivre la cuison 5/7mn, mixer le tout, ajouter une grosse noix de beurre ou un peu de crème fraîche - C'est onctueux à souhait et un délice en bouche.
Un plus : au moment se servir, ajouter quelques lardons hachés assez fins et préalablement grilles, ainsi que quelques croûtons de pain grillés, c'est divin et, servie en quantité, cette soupe peut devenir ainsi un plat unique le soir.
Froide : mixer très fin les graines cuites à la vapeur ou à l'eau 5/7mn, y ajouter quelques graines crues pour une double texture en bouche, parsemer de menthe ou de coriandre ciselée, un filet de jus de citron, sel et poivre, c'est rapide et très appétissante en été !
Mon plus : ne pas cuire les graines du tout, on les mixe crues tout en y ajoutant quelques graines entières pour une double texture très agréable en bouche.
Petits pois et framboises nature
Si vous êtes vraiment fan des petits pois crus, voici une entrée très rapide et simplissime à préparer, pour les cossards (*), c'est l'idéal : les servir tels quels, avec quelques framboises pour l'acidité, un peu de sel et poivre, c'est hyper gourmand et ça devient même gourmet si vous parsemez d'un peu de piment d'Espelette à la place du poivre !
Quant au classique petits pois au lard (recette ci-dessous), il peut servir de plat unique en y ajoutant un œuf mollet, ou d'accompagnement à une viande rôtie.
INGREDIENTS pour 4p : 2 kg de petits pois à écosser (pour obtenir environ 600 g de pois), 1 gros oignon jaune, 1 bouquet garni, 1 morceau de lard fumé (250 g) coupé en petits rectangles assez épais, ail, beurre, sel, poivre, une càc de farine, 1 petit verre d'eau -
PREPARATION ET CUISSON : faire revenir l'oignon haché très fin, y ajouter le bouquet garni, l'ail haché très fin puis les morceaux de lard, saupoudrer avec la farine, mouiller avec l'eau pour rendre onctueuse la sauce, ajouter les petits pois, saler (attention, le lard est déjà salé), poivrer, cuire à couvert à feu moyen pendant 20 mn pour des petits pois al dente (c'est comme cela qu'ils sont meilleurs), ou 30 mn si vous préférez une texture plus onctueuse. Servir éventuellement sur un lit de riz nature, et cela suffira pour un repas complet ! 
MON GRAND PLUS
Si vous utilisez des asperges et des petits pois en même temps ou dans la même journée (sinon on peut les conserver un jour au frigo), ne jetez pas les épluchures des premiers ni les cosses des seconds, ils finiront dans un délicieux potage.
Ma recette : laver les cosses de petits pois ainsi que les épluchures d'asperges (si vous ne l'avez pas fait au moment de préparer vos asperges pour un plat) ; les mettre dans un faitout en couvrant d'eau à niveau ; ajouter un oignon coupés en morceaux et une gousse d'ail écrasée ; saler ; cuire pendant 30mn ; mixer très fin ; prolonger la cuisson encore 10mn ; filtrer ; porter à ébullition, ajouter une poignée de pommes de terre en flocons genre mousseline ou une bonne pomme de terre à soupe cuite d'avance et bien écrasée, une noix de beurre, remuer le tout, c'est prêt et délicieux ! Et si vous avez sous la main, en plus, quelques corails de coquilles saint-jacques (**), ce potage deviendra très raffiné !
(**) Il m'arrive de réserver les corails des coquilles saint-jacque qui n'ont pu servir dans une recette, ils se congèlent très bien. Il suffit de les dégeler à température ambiante, puis de les pocher rapidement dans une eau frémissante 2 mn et ils sont prêts à être rajoutés dans un potage.
   
Potage épluchures d'asperges et cosses de petits pois aux corails de St-Jacques
En purée, mélangés avec un peu de pomme de terre et des lardons, c'est un bon accompagnement pour beaucoup de plats très fins, comme ici des ris de veau aux morilles !
  
N'hésitez pas à les utiliser en décoration de plats, comme par exemple, sur mes photos, pour habiller un poisson en gelée, ou en complément d'une farce pour quiche lorraine, leur croquant dans le premier, leur onctuosité dans la seconde, sont très agréable sous la dent ! 
LE PLAISIR DES MOTS :
(*) Je me suis demandé quelle était l'origine du mot "cossard", en pensant bien qu'il ne pouvait venir de "cosse", car écosser des petits pois, comme le dirait mon marchand, "bon courage !". En fait, ce mot argotique vient de "cossu", car les riches avaient les moyens d'être paresseux !